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QUAND LA ROYALE SOUHAITAIT S'INSTALLER DANS L'ESTUAIRE DE L'ODET

Dernière mise à jour : 10 avr.

Une petite étude à partir de deux cartes de marine du XVIII° (l'une de 1723 et l'autre de 1765) qui montre bien la volonté politique de créer des infrastructures d'accueil conséquentes pour la marine royale.

La première carte dite également de Berthou de Launay Carte du Port de Ben-Odet, situé dans l’Embouchure de la Rivière d’Odet ou de Quimper, Depuis son entrée jusqu’à la Pointe du Pao. Levée géométriquement, Avec les Sondes de Basse Mer dans les Grandes Marées, Par le Sr Berthou de Launay, Proffr ordre des Mathémathiques.




Fig 1 : la carte de Berthou de Launay de 1723


Cette carte comme vous pouvez le constater, comporte un certain nombre de renseignements écrits qui constituent un préalable à toute étude plus poussée :

-Annotations à l’explication de cette carte

(carte de Berthou de Launay 1723)

Les chiffres qui marquent la profondeur de l’eau de la rade, du port et de la Rivière, ont été trouvés par le dit Berthou dans les basses mers de la nouvelle lune d’avril de cette année, pendant lequel il a travaillé a lever cette carte.

Dans les marées ordinaires il reste dans le canal de la rade 5 à 6 brasses d’eau, la brasse de 5 pieds de Roy. La coste du bon mouillage depuis l’ance de Ste Maraine du costé de Combrit jusqu’à l’ance de la vieuville est roide et acore, ayant au pied des roches qui se découvrent dans les basses mers 2 a 3 brasses d’eau ; on y pouroit fabriquer de beaux quays et de beaux magazins, la pierre étant sur les lieux.

Pareillement depuis la pointe G nommée pointe de la Pierre jusqu’à l’autre pointe du Nord-Est contigu, ayant au pied des roches qui se découvrent aussi de basse mer 3 à brasses, ou on pouroit fabriquer des quays de carrenage et beaux magazins, ayant la pierre sur l’endroit et même étan proche de la belle pierrière du manoir de Kergos et des ances dudit Kergos et de Penfoul, où on pouroit former des chantiers de construction de radoub.

Dans le bourg de St Thomas il y a plusieurs maisons ruinées qu’on pouroit rétablir, outre celles qui sont sur pied, qui sont logeables, avec de beaux emplacement pour bâtir.

On peut mettre facilement ce port hors d’insulte batissant sur les pointes de St Gildas et du corps de garde de Combrit des batteries de 30 canons de 24 et augmentant le fort de 20 pièces de 36 qui batteroit les ennemis de front, joint que les costes sont bien retranché le long de les rivages, outre que l’on pouroit fermer le port en cas de necessité de bonnes estacades en forme de V. Liées de grosse chaines dans l’espace de la pointe du Coq à l’autre pointe oposée du côté de Combrit qui ne contient de distance que 130 toises ; on pouroit aussi sur la hauteur du moulin dont le terrain n’est point commandé, construite une forte redoute avec du canon, en attendant une fortification plus régulière.

A l’egard du peu d’eau qui se trouve dans le canal de la rade de basse mer dans les grandes marées, ce port a cela de commun avec ceux de Brest, Port Louis où il faut attendre la plaine mer pour y entrer de gros vaisseaux. il est plausible que les gros navires qui tireroient plus de quinze pieds d’eau, n’y pouroient entrer sans s’échouer, mais la nature a pourvu ou plutôt son auteur, par la grande rade ou on m’a assuré y avoir 7, 8 et 10 brasses de basse mer dedans laquelle les gros navires peuvent mouiller lorsqu’ils verront les trois roches, les Verrès, la Roussette et la Borne toutes découvertes, signal de basse mer et attendre que le flot n’ait couvert les dites roches, qui se couvrent a my flot et pour lors il y aura dans le moins creu du canal 20 à 22 pieds d’eau pour le moins et alors ils pouront entrer dedans prenant les marques expliquées dans la carte et s’ils étoients forcés des vents ils peuvent filer leur cable et prendre une croupière et venir prendre le canal par les marques.

Le fond de ces rades est de sable blanc fin, très bonne tenue. La houle dans la petite rade dans les plus mauvais tems, ne s’élève que de plus de 1 1/2 à 2 pieds tout au plus, les trois roches et le voisinage des costes qui l’environnent rompant la levée des houles.

Il y a plusieurs pescheurs et matelots dans ce païs qui sont pratiques de ces costes et qui entrent tous les jours des navires venant des longs cours et qui se trouvent affalé ou engagé à la coste par le mauvais tems.

Nonobstant tous les dangers qui environnent ce port et les difficultés qu’on y trouve à son entrée, cela n’empêche pas des flottes entières de 4 à 500 batimens d’y entrer avec les vaisseaux du Roy qui les convoyoient, ce que je certifie.

On voit par toutes ces annotations que ce port conviendroit pour y établir une compagnie.



Fig 2 : la partie amont de la carte avec tout en bas la rive droite de l'Odet. La lettre R correspond à la pointe du Pao 'entrée sud de l'anse de Combrit). Sur la rives gauche : la lettre T se trouve à l'emplacement du manoir de Lanhuron sur la commune de Gouesnach. La lettre P se trouve sur la commune de Clohars à la pointe de St Dec (en rérérence à la ferme qui se trouve à proximité) et l'autre lettre difficilement identifiable se trouve dans le fond de l'anse de Kerandraon. En suivant la rive gauche nous reconnaissons les lettres O pour la pointe des pins et n pour l'anse de poul ar stang.


Fig 3 : On descend l'Odet et nous sommes, en bas de page, sur la rive gauche au niveau de l'anse de Penfoul avec en H la pointe du Bil, en L, l'anse du Kergos et en M, l'anse de Penfoul, préalablement évoquée. La pointe G étant dite pointe de la pierre. Ne pas oublier la lettre I noire qui correspond à "la belle perrière de Kergos (comprendre une carrière)...

Rive droite maintenant avec en F, l'anse de la vieuville et en S une fontaine d'eau douce.


Fig 4 avec sur la rive gauche (paroisse de Perguet), en D le bourg et la trève se St Thomas de Bénodet et en C la basse du Coq. Et en A, le moulin qui sert de marque au canal pour éviter la Borne et la Roussette et en B, le merlon de pierres que l’on met par la fenêtre dudit moulin.

Rive droite, tout en bas : les 3 lettres V : costes acorées et roides a y batir des quais et magasins puis la lettre S pour une fontaine d'eau douce et E pour l'anse et l'église de Sainte Maraine.


Fig 5 : Partie aval de la carte sur laquelle sont indiqués le terme de rade (petite) et le nom de pointes comme celle de Douarsenton sur la rive gauche, et de plateaux rocheux comme celui de la Borne qui correspond à l'emplacement actuel de la balise du four.


Remarques pour L’Intelligence de cette Carte

Ce port a en son entrée une petite rade dans laquelle on a sondé exactement dans les basses marées de la nouvelle et plaine lune d’Avril 1723.et trouvé 3 brasses de 15 pieds de profondeur dans le moins creus du canal. La ligne droite de carmin est tirée des marques A et B qui sont à terre et servent à prendre le canal et éviter les Roches la Borne et la Roussette et qui forment un triangle avec les Roches nommées les verres lesquelles se couvrent à my flot et se découvrent toutes les basses mers, ainsi l’entrée de ce port est facile pour les moyens navires lorsque ces roches sont visibles, mais même pour de gros vaisseaux quand elles sont couvertes a my flote ou de plaine mer par les marques du moulin et Lamas de pierres. Les navires qui viennent du Sud ou de l’Est et qui veulent entrer en ce port, font route à venir prendre connaissance de ces marques, ils découvrent le moulin et au Sud du dit moulin un monceau de pierres. Lequel ils mettent en une ligne droite par la fenestre du moulin et suivant cette ligne, ils évitent tous dangers. Les navires peuvent entrer en ce port des vents d’Est, Sud, Est, Sud et Sud ouest et y etre a labry de tous les gros vents. Le meilleur mouillage est du côté de Combrit depuis l’ance de Ste Marine jusques meme devant l’ance ou enfoncement du Kergos, bon fond de sable, sable vasard et coquilles, qui est le fond de toute Rivière. Les navires peuvent mouiller plus haut jusqu’au Pao et monter une lieue et demi ayant partout bon fond et 5 à 6 brasses d’eau de basse mer et y être à l’abry.


Plus encore que les indications apportées par cette carte, ce sont les renseignements trouvées dans les différentes indications écrites qui donnent tout son intérêt à cet article. On y parle de la possibilité d'y établir des quais et des magasins, de la disponibilité des espaces pour des constructions à venir, de la facilité d'accès pour les navires.


A noter que l'orthographe des annotations a été scrupuleusement respectée...



Fig 6 : La seconde carte est intitulée : "plan, géométrique du port de ben-Odet situé à l'entrée de la rivière d'Odet ou de Quimper" et datée 1765.


Fig 7 : Petit encart non dénué d'intérêt mais qui ne comporte aucune légende spécifique.On peut lire entre Quimper et Châteaulin, près du double trait de couleur rouge, l'indication "grande route". Il est aisé de comprendre qu'en utilisant "les 2 voies fluviales" que constituent les estuaires de l'Odet et de l'Aulne, on pourrait, en aménageant une voie terrestre conséquente entre Quimper et Châteaulin, relier le port de Brest au nouveau port de l'estuaire de l'Odet, ce qui permettrait de contourner un éventuel blocus de Brest par une marine ennemie. Nous somme là dans la logique qui prévaudra plus tard lors de la construction du canal de Nantes à Brest.


Remarques

Ce plan a été levé géométriquement et les sondes ont été prises avec soin dans les basses marées de la nouvelle et pleine lune d’avril 1765. Les chiffres marquent la quantité de brasses d’eau qui reste dans les plus basses marées. Ainsi on y voit qu’il y a 3 brasses ou 15 pieds d’eau dans l’endroit le moins profond du canal de la petite rade au cour de la basse mer dans les nouvelles et pleines lunes mais dans les marées ordinaires, il y reste 5 brasses. On sait que la brasse est toujours de 5 pieds de Roy. La mer marne en ce port de 4 à 5 brasses dans les grandes marées et de 3 brasses dans les marées ordinaires ; ainsi les plus grands vaisseaux de guerre peuvent donner dans ce port à deux tiers de flot.

Les gros vaisseaux venant du large qui verront les 3 roches, les Verrès, la Roussette et le Borne découvertes, pourront mouiller en dehors dans la grande rade où il y a de basse mer 5 ou 6 brasses d’eau et attendre que le flot ne couvre les dites roches qui se couvrent à mi-flot et lorsqu’il y aura 20 à 22 pieds d’eau, dans l’endroit le mins creux du canal, pour entrer dans la petite rade, il faut mettre le, moulin ou la fenêtre du moulin pour mieux dire par le monceau de pierres afin d’éviter la Roussette qu’on laisse à babord et la Borne qu’on laisse à tribord.

Il y a bon mouillage de sable vaseux par toute la Rivière, le meilleur est cependant du côté de Combrit depuis Sainte Maraine jusqu’à l’anse de vieuville.



Fig 8 : la partie amont de la carte. La similitude est évidente avec la carte précédente de 1723.



Fig 9 : espace "central de la carte". Sur la rive gauche, côté Bénodet donc, il est noté en amont du bourg : "terres ou côtes propres à y bâtir des quays et magasins" et entre le bourg et la pointe du Coq, on peut y lire les mêmes indications. Ont été également dessinés sur cette rive gauche le moulin de Bénodet "qui sert de marque au canal (comprendre chenal) pour entrer ", le "monceau de pierres qu'on met par la fenestre du-dit moulin" (à la forme quasi pyramidale...) et le fort (attention celui-ci n'est pas du XIX°).

Sur la rive combritoise, on retrouve entre l'anse de la vieuville et Sainte Maraine l'indication "terre ou côte propres à y bâtir des quays et magasins".


Comment ne pas faire une relation entre l'élaboration et le contenu de ces deux cartes du XVIII° et l'affirmation qu'à la même période, "le contre-amiral Yves de Kerguelen s’intéressa aussi à la rade de Bénodet et à la rivière pour recevoir les vaisseaux de l’armée navale ".

Sans doute pourrait-on trouver dans les archives de la Défense à Vincennes le lien encore manquant.

Source des deux cartes : Gallica site de la BNF Paris.




 

 


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