Le 17 juin 1878, le conseil municipal de Bénodet présidé par son maire René Berrou, adresse au préfet un voeu à propos du service du courrier en précisant que le service actuel entre Quimper et la commune est beaucoup trop lent (le courrier transitant par Fouesnant) et que les demandes augmentent, en particulier en été quand "de nombreux étrangers y viennent prendre des bains de mer " mais aussi parce que "Bénodet reçoit en relâche un très grand nombre de navires, dont les capitaines ont souvent besoin de correspondre très rapidement avec leurs armateurs".
Ce voeu sera appuyé par des délibérations des conseils municipaux de Clohars-Fouesnant et de Gouesnach.
Le bureau n° 1
Nous ignorons à quelle date l'Administration donnera son accord mais l'étude des dénombrements (recensements) permet de constater qu'en 1881, une certaine Marie Eugénie Le Guyader, 27 ans, habite le bourg de Bénodet avec sa mère, veuve, 64 ans Amélie Reine, un frère, Alfred, 29 ans et une domestique, Marie-Anne Glévarec, 21 ans. Marie Eugénie est déclarée comme "receveuse de poste".
René Bleuzen, dans un numéro de la revue "Foën Izella", la baptise "la première demoiselle des Postes de Bénodet" et rajoute : " elle a longtemps laissé dans le population le souvenir d'une dame de caractère, altière et plutôt hautaine, comme si elle avait conservé la marque de l'éducation qu'avait reçue la fille de notaire qu'elle était. Chaque jour, dit-on, elle faisait sa promenade digestive dans le quartier de Kerlidou, suivie à quelques pas de sa dame de compagnie, Françoise ( Saliou de son patronyme, qui en 1896, avait remplacé Marie Anne Glévarec), en coiffe de Brasparts; elles ne se parlaient pas en cour de route".
Fig 1 : Dans la moitié haute de la rue Kerguélen, que l'on nommait autre fois "rue de l'ancienne poste", la demeure de Marie Eugénie Le Guyader et le premier bureau de poste !
Les fameux dénombrements nous renseignent également sur la suite de la carrière de Marie Eugénie qui est encore en fonction en 1906 mais est déclarée "rentière" à partir de 1911. Si sa mère décède à Bénodet en 1879, Marie Eugénie s'éteindra à Kerfeunteun chez son frère Frédéric (poète et écrivain bien connu) en 1923, mais rejoindra sa mère au cimetière de Bénodet.
Fig 2 : Annonce parue dans la presse pour la vente de la villa KERABELIA (ancienne Poste) quelques mois après le décès de Marie Eugénie. La description correspond bien à la photo précédente.
Le bureau n° 2
La découverte du second bureau de poste, n'est pas une surprise en soi mais elle est une conséquence heureuse d'un travail de recherche mené sur les cousins Le Cain, Pierre et Jacques que l'on a déjà croisé à de nombreuses reprises.
Le jeudi 24 juillet 1930, à Bénodet, salle de la mairie et par devant maître Le Berre, notaire à Quimper ont comparu M. Louis Le Bras, clerc de notaire à Quimper agissant en sa qualité de mandataire de M René Ducos, né à Bray (Seine et Marne) le 11 mai 1902, agriculteur et Mme Geneviève Kerfer son épouse, née à Quimper le 16 juin 1900 demeurant ensemble à la Chauvellerie, commune de La Meignannne.
Mme Corentine Lozach, veuve en premières noces de M. Pierre Kerfer et en 2des noces de Mr Pierre Coulommier, sans profession et demeurant à Quimper, rue Neuve, née à Ergué Armel le 3 juin 1868, lesquels comparants ont dit qu’ils étaient dans l’intention de vendre une propriété sise à Bénodet et ils ont fait annoncer par voie d’affiches et d’insertions, que cette vente aurait lieu aujourd’hui à 14 h et qu’il serait procédé à l’adjudication en un seul lot de l’immeuble dont il s’agit.
Désignation
Au bourg de Bénodet, une propriété actuellement occupée par l’administration des Postes, d’une partie sur caves, de rez de chaussée, premier et second étage, jardin devant, cour et et dans la cour un petit bâtiment, appartenances et dépendances. Le tout est clos de murs et donne du Nord sur la rue de la Poste, du levant sur la propriété le Guyader, du couchant sur propriété Le Loupp et du midi sur la rue de l’église et est cadastré a la section A sous le numéro 58p avec pour contenance 3 ares et 3 centiares.
Cette très belle villa probablement construite à la fin du XIX° avait été baptisée "Kerodet" par son constructeur Pierre Kerfer, boulanger quimpérois puis négociant en grains qui avait acheté le foncier à Pierre Le Cain.
Fig 3 : La villa "Kerodet" occupe une place de choix sur la hauteur du bourg de Bénodet, construite sur une parcelle dite "Menez Frost".
Bail
La propriété présentement mise en vente est louée à l’administration des Postes et Télégraphes de l’État pour 9, 12 ou 15 années consécutives qui ont commencé à prendre cours le 1er décembre 1921 pour finir les 30 novembre 1930, 1933 ou 1936, moyennant un loyer annuel de 2550 francs. A l’instant les comparants es-qualité déclarent qu’ils se sont mis d’accord avec l’administration des Postes pour faire cesser ce bail 30 novembre 1930.
Cette villa rachetée par M Jean-Louis Yvonnou agriculteur au moulin de Keraven à Bénodet et adjoint au Maire Maurice Bouilloux-Lafont abrita-t-elle pour quelques années encore le service postal de la commune dans l'attente de la construction d'un nouveau bâtiment ? On ne peut que le supposer.
Fig 4 : Situation des 2 premiers bureaux de Poste, la villa Kerabélia à Marie Eugénie Le Guyader et la villa Kerodet à la famille Kerfer.
Le bureau n° 3
Bien que le plus récent, les écrits manquent quant à la construction de ce troisième bureau érigé dans les années 1930, de l'autre côté de la rue de l'église et face au bureau n° 2.
Fig 5 : "Le haut du bourg" en 1959. Le bureau de Poste n° 3 est construit à l'angle de la rue de l'église et de l'avenue de la plage. à proximité immédiate de la mairie et des écoles publiques de filles et de garçons.
Fig 6 : Très belle photo du bureau de Poste n° 3 . A droite la belle perspective de la rue de l'église et à gauche le bâtiment de l'école publique de filles.
Fig 7 : Destruction du bureau de Poste n° 3 (seconde moitié années 1990).
Remerciements à Jean Claude Balbot et Gilbert Jan pour les photos.
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