Corentin a déjà été évoqué dans ce blog en particulier dans l'article consacré à "L'Armorique", https://renanclorenneclett.wixsite.com/lamerdanslesbois/post/l-armorique-l-habitation-de-corentin-le-goardet-et-de-sa-famille
le lougre que son père, Corentin également, avait remorqué des vire-courts avant de l'échouer sur la grève entre la haute et la basse fontaine.
Fig 1 : Le lougre "L'Armorique", tout à droite, béquillé en haut de la grève. A gauche la maison du pilote Bargain, qui fut par la suite rachetée par Pierre Le Goardet, frère aîné de Corentin (fils). Collection J.de Thézac musée départemental breton.
Corentin, né à ty corn le 31 décembre 1893, vécu ensuite à l'emplacement de la pêcherie du bas de la rue de l'église. Puis ce fut la période de "L'Armorique", le lougre qui servit d'habitation à la famille Le Goardet pendant une vingtaine d'années.
"C'était bien plus près de la misère noire (juste un peu mieux que dehors). Nous étions trois frères dans le même lit et les chats avec nous : on les aimait bien d'ailleurs car les rats grouillaient dans le port. Les lits étaient à l'avant du bateau, à peu près au sec, mais aux grandes marées tout l'arrière était noyé".
Fig 2 : Au premier plan, la maison "Ty Goardet" que fit construire Corentin Le Goardet père (elle existe toujours) Collection J.de Thézac musée départemental breton.
On remarque au pignon nord de cette maison la proue du lougre "Armorique" où vécut Corentin (fils). Au second plan, la maison Bargain évoquée précédemment.
"Mon père était marin pêcheur. Son bateau, un 5.50 m. "le petit François" était à Concarneau. A partir de 10 ans, j'ai connu la pêche à longueur d'année. On faisait la ligne et la senne, mais surtout la crevette et le homard en été. Pendant la belle saison, toute la famille allait à l'île St Nicolas. A Concarneau, on dormait dans le bateau et on revenait à Bénodet le samedi. Tous les jours, c'était soupe de poissons.
A 16 ans, j'ai refusé de continuer à pêcher avec mon père et j'ai cherché un embarquement au commerce. Avec "Le Mildet", capitaine Le Coz, j'ai transporté des poteaux de mine en Angleterre à Southampton et on ramenait du charbon à Quimper.
Fig 3 : Sur "Le René-Marthe" (sur la document le René Marthe se trouve sur le canal latéral de l'Orne, entre Caen et Ouistréham) et j'ai ensuite fait du transport de pétrole entre la Gironde et Brest et du sel, du Croisic à Concarneau. Entre les voyages, je revenais dormir sur "L'Armorique".
Fig 3 : Le 27 janvier 1912, 15 francs en poche, je pars pour Nantes où je devais embarquer sur la goélette "Etincelle" (goélette de l'armement Donat de Sainte Marine)Collection J.de Thézac musée départemental breton.
A mon arrivée, elle avait appareillé et je me suis trouvé avec deux sous en poche, dans une ville inconnue. J'ai trouvé du travail et je bossais 10 heures par jour. En 1915, j'ai été embauché dans la Société Nantaise d'Electricité où j'ai terminé ma carrière en 1949.
La première guerre mondiale
" En 1913 j'avais été réformé pour mauvaise vue". Dans ses papiers militaires (classe 1913, matricule 587, on peut lire : "Réformé n° 2 par la commission de réforme du port de Lorient le 28 janvier 1914 pour cause de myopie. Exempté par le conseil de révision en 1914".
Incorporé le 9 juin 1917 - "Le médecin qui m'avait réformé en 1914 m'a déclaré bon pour le service et avant que j'aie pu ouvrir la bouche, il m'a dit "taisez-vous" d'une voix qui ne laissait pas de place à la réplique.
j'ai donc été mobilisé et jusqu'à la fin de la guerre, j'ai navigué sur deux bateaux, "La Draille" et "La Bosse", deux vieux bateaux espagnols, à vapeur, transformés en dragueurs de mines et chasseurs de sous-marins (je n'en ai vu aucun)".
Le 17 janvier 1939, il fut affecté à la poudrerie de Pont de Buis où il arrive le 1er septembre , puis est classé sans affectation et renvoyé dans ses foyers à Nantes le 21 novembre 1939.
Vie familiale
Corentin se marie le 18 septembre 1915 dans le 6° canton de Nantes avec Marguerite Hélène, Olympe Jamet, née à Saint Nazaire.
Lui est chauffeur de machines.
Un des témoins à ce mariage est Mélanie Petibon, sa belle-soeur, épouse de son frère Pierre.
Corentin se remarie à Nantes le 3 février 1943 avec Odette ANNE, couturière, veuve, née le 30 juillet 1901.
Fig 4 : " En 1956, j'ai regagné mon Bénodet natal avec ma seconde épouse (Odette). J'ai aménagé et amélioré une petite maison que j'avais construite moi-même pour mes vacances (à Penfoul) et j'ai pratiqué la pêche en rivière jusqu'à l'âge de 86 ans.
Fig 5 : Photo de groupe avec à gauche Louis Galliot, neveu par alliance de Corentin,Mme Le Breton de l'hôtel de l'arrivée à Kercréven, Corentin Le Goardet et son épouse Odette.
Fig 6 : L'épouse de Corentin, Odette, devant la petite maison de Penfoul située près du golf miniature.
Fig 7 Corentin nous a quitté le 29 février 1992 à l'âge de 98 ans.
Remerciements à Vincent Berrou, voisin de Corentin et Odette, Romuald Roho, et pensées émues à René Bleuzen pour l'énorme travail de mémoire qu'il a effectué.
Très intéressant ! Quel parcourt de vie, malgré une jeunesse si miséreuse!