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Photo du rédacteurRenan Clorennec

LES CAP HORNIERS DE BENODET

Dernière mise à jour : 10 avr.

La découverte d'un site qui répertorie les marins ayant franchi le célèbre cap nous incite à vous les présenter.


Le premier d'entre eux est Eugène PASCAL, né à au bourg de Bénodet (commune de Perguet) le 12 août 1877 de Joseph, 43 ans, matelot des douanes et de Adélaïde Allot son épouse 37 ans.



Fig 1: la maison des douaniers sur le port. Photo prise avant 1905 et l'extension du quai devant l'église. Cette petite habitation se trouvait au nord du quai, au même endroit où par la suite sera construit le petit bâtiment qui abritera les affaires maritimes et toujours les services de douane.


Eugène s'engage dans la Marine et signe un contrat de 4 ans en 1895. Il suivra à l'hôpital militaire de Brest les cours d'infirmier mais ne se réengagera pas à la fin de sa période de contrat.


Le 14 juin 1900 il a l'honneur, en tant que charpentier du bord, de faire partie de l'équipage qui va assurer le premier voyage du "Vendée", construit à Nantes pour la société Raoul Guillon. La destination n'est pas connue mais on apprend qu'il débarquera à San Francisco le 11 février 1901.



Fig 2: le trois mâts "Vendée".



Après sa démobilisation en février 1920, Eugène se retire à Ontario au Canada.


Alfred STEPHAN


Alfred est né le 31 août 1878 de Louis Stéphan; journalier à ty Louis Laz ( lieu inconnu) et de Jeanne Le Breton 40 ans.

Louis, le père, exerce la profession de journalier mais aussi de marin pêcheur comme on peut le voir sur le dénombrement de 1886. La famille vit au fort de Bénodet avec d'autres miséreux. A ce titre il n'est guère étonnant de lire dans le registre de mariage d'Alfred en 1906 que " il a déclaré que son père a quitté Bénodet le 15 décembre 1903 et que depuis lors il n'a plus reparu, ni donné de ses nouvelles".

Le registre d'inscrit maritime d'Alfred est bien utile pour retracer sa carrière. Dès 1896 on le retrouve comme marin embarqué sur de longs courriers avec comme ports d'embarquement Nice, Anvers mais surtout Dunkerque.

En 1899 il est incorporé dans la Marine d'Etat à Brest et Toulon. On le retrouve en 1903-1904 comme matelot sur le 4 mâts "Antonin" de Dunkerque puis comme second maître en septembre 1904.

Il naviguera surtout sur les navires de la société Bordes de Dunkerque et rien d'étonnant à ce qu'il se marie à Petite Synthe le 29 janvier 1906 à l'âge de 28 ans. Sa jeune épouse, Alexandrine Cuvelier avait 17 ans.




Fig 3 : "L'Antonin" de l'armement dunkerquois Bordes peint par Marin Marie


Sur ce 3 mâts Alfred Stéphan effectuera 5 voyages à destination du Pacifique d'abord comme matelot puis ensuite comme second maître.

Alfred décédera à Petite Synthe le 15 mai 1910 à l'âge de 32 ans.


Jean-Louis NEDELEC


Jean Louis est né le 3 novembre 1887 à Bénodet de Jean, 29 ans, aubergiste à Lost ar c'hoat et de Marie Anne Louédec son épouse, 25 ans.

Il effectuera un voyage aller-retour sur le Bretagne 2 de l'armement Levesque de Nantes.

Un départ de Dunkerque le 5 juillet avec pour destination Hobart en Australie (Tasmanie) où "le Bretagne" arrive le 25 septembre. Puis escale à Honolulu (Hawaï) le 18 novembre , Portland (Oregon) le 5 décembre et retour à Falmouth le 17 mai 1906 puis Anvers le 25 mai.


Fig 4 : Jean-Louis Nédélec


Jean Louis après son périple au long cours entre 1905 et 1907 intègrera la Marine Nationale où il fit carrière jusqu'à la fin de l'année 1933 et termina premier maître principal.


Louis STEPHAN


Louis est né le 10 mai 1887 à Kerlénard, de Jacques, cultivateur, 45 ans et de Marie Lagadic son épouse, 41 ans.

Louis n'effectua qu'un seul voyage au long cours en étant embarqué sur "le Chili" une fois encore de la Compagnie Bordes de Dunkerque. Au départ de Nantes en mars 1913, il arrive à Port Talbot au Pays de Galles pour un départ le 23 mars. Valparaiso au Chili le 26 juillet puis toujours dans ce même pays, mais plus au nord, Caleta Coloso le 2 août. Retour vers l'Europe et la port de Nantes que le bateau "Chili" atteint le 28 décembre.

Peu de temps après, Louis est mobilisé, et sera blessé gravement au crâne le 16 juin 1915 lors de la très meurtrière bataille de Quennevières. Il décèdera à l'hôpital temporaire de Compiègne le 17 juin 1915.




Fig 5 : "Le Chili" sur lequel Louis Stéphan effectua son unique périple vers le pays du même nom.


Les frères André et Jean Louis CABELLAN


Une ascendance maritime.

Le père, Corentin, est né le 10 mai 1853 à Gouesnach, à Pors Meillou où il exercera plus tard le métier de batelier.

André va naître à Bénodet le 4 août 1884 à créach conar de Corentin 31 ans et de Marie Jeanne Guyader son épouse 24 ans.

Jean-Louis naîtra au même endroit mais le 3 février 1892.

Des 9 enfants qu'aura le couple Cabellan, 8 naîtront au lieu-dit créach conar mais la petite dernière, Marie Jeanne naîtra en 1894 dans la chaumière du Trez où André et Jean Louis ont passé une bonne partie de leur enfance puisque Jean-Louis y est recensé en 1911.




Fig 6 : la demeure de la famille de Corentin Cabellan au début du XX°. La famille y est dénombrée (recensée) entre 1891 et 1911.


La carrière maritime d'André


Les archives de l'inscription maritimes du quartier maritime de Quimper puis de Guilvinec (arrêté du 13 août 1919), regroupées au services des archives de la Marine à Brest permettent de reconstituer les carrières des marins.

Les premières annotations font état d'un embarquement comme matelot au cabotage en août 1902 sur le lougre "jeune Antoinette" de Douarnenez puis sur le dundee "St Joseph" de Bayonne et enfin sur le "ville de La Rochelle" du port éponyme.

En juillet 1904, André est incorporé dans la Marine Nationale à Brest puis à Toulon jusqu'en octobre 1905.

En ce qui concerne ses voyages par delà le Cap Horn, le premier est effectué sur un 4 mâts en fer de la Compagnie Bordes, "L'Union"en 1913.


Fig 7 : Le 4 mâts "Union" à Port Talbot au Pays de Galles.


Départ de La Pallice (La Rochelle) le 28 septembre pour Port Talbot et arrivée le 4 octobre. Départ le 25 pour Iquique au Chili et 3 mois de navigation pour atteindre le port chilien le 25 janvier 1914. Départ vers l'Europe le 6 mars et arrivée à Dunkerque le 24 juin.

Il faut quand même préciser qu'avant d'effectuer ce très long périple maritime et de devenir Cap hornier, André avait épousé le 27 juillet 1913, à Fouesnant, Marie Yvonne Poupon, 24 ans, de 5 ans sa cadette donc.


Second voyage mais sans passer par le Cap Horn en 1920, en compagnie de son jeune frère Jean-Louis. Les deux marins embarquent le 30 janvier sur le "Suzanne" pour les îles antillaises de Trinité (Trinidad) et Tobago où ils arrivent le 9 mars puis destination Pointe à Pitre en Guadeloupe (5 avril) et retour au Havre le 21 juin. Nouveau départ le 2 août pour une destination vers l'état de Virginie et le port de Norfolk où le navire accoste le 22 septembre pour un retour en France à La Pallice le 3 novembre 1920. 4 traversées de l'Atlantique donc !


Fig 7 : le trois mâts barque Suzanne de la Compagnie Brown et Corblet du Havre.



Fig 8 : André Cabellan décèdera à Bénodet le 7 septembre 1951. Il était le père d'André (Dédé) électricien, ancien résistant, pompier, habitant à Kercréven.


La carrière maritime de Jean-Louis


Jean-Louis Cabellan est le plus jeune frère d'André et il est né à Bénodet le 3 février 1892. Le 20 novembre 1921 au retour d'une navigation lointaine, il épouse à Gouesnach, Marie Louise Lamandé et le couple aura deux enfants : Jean, né le 29 août 1922 et louise née le 12 novembre 1923. Tous les deux à Bénodet.

Les registres de l'inscription maritime font état d'embarquements au cabotage sur des goélettes ("Paul" et Quo Vadis") puis de février 1912 ( à 20 ans donc) il est appelé sous les drapeaux, dans la Marine nationale bien sûr et il y restera jusqu'à son retour à la vie civile en juillet 1919. Il fait ensuite le choix de la navigation au long cours et comme on le sait Jean-Louis avait donc été du 1er voyage du "Suzanne" en cette année 1920 avec son frère aîné André. Fin novembre, le 27, il quitte le port de La Pallice (La Rochelle) , toujours sur le même navire et là, il passera effectivement le Cap Horn pour un périple qui va l'éloigner des siens pendant 11 mois. Destination Melbourne en Australie puis retour en Grande Bretagne à Falmouth le 14 septembre 1921, puis Cardiff et enfin St Nazaire le 24 octobre fin de son périple.

Cette navigation au long cours, il la poursuivra jusqu'à la fin de l'année 1926 où, manifestement installé à Bordeaux, il choisira le cabotage et naviguera de très longues années sur "le Mascaret" et ce jusqu'à la fin de l'année 1941.


Fig 9 : la goélette "Verdun" de l'armement Donat de Sainte Marine que Jean-Louis avait déjà fréquenté en 1911. Il naviguera sur ce très beau navire pendant près de trois ans entre septembre 1922 et la fin juillet 1925. Photo archives départementales du Finistère


Jean-Louis Cabellan décèdera à Bordeaux le 11 mai 1958.


Remerciements sincères à Gabriel Cabellan petit-fils d'André Cabellan.

Source bibliographique principale : "Cap horniers français"














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1 Comment


Très interressant comme d'habitude (et pour moi, une page d'histoire de petits cousins de ma grand mère). Merci Renan

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