Par une première délibération en date du 17 septembre 1922, le conseil municipal de Bénodet décide la construction d'un monument commémoratif à la mémoire des enfants de Bénodet, morts au champ d'honneur.
Le premier avril 1923, le même conseil municipal, sous l'autorité de son maire, Maurice Bouilloux-Lafont, prend connaissance d'un projet élaboré par Charles Chaussepied, architecte, qui a fait appel au sculpteur et entrepreneur quimpérois M.Le Naour, dont le montant est fixé à 24 742.80 francs.
Fig 1 : en-tête de l'entreprise Le Naour de Quimper.
Fig 2 : Charles Chaussepied, architecte du projet.
Le lieu d'implantation
Fig 3 : plan de 1882 sur lequel l'église St Thomas se trouve dans une configuration erronée (les travaux d'agrandissement entrepris entre 1873 et 1887 en n'ont pas été pris en compte).
Fig 4 : photo d'Auguste Sauvage, datée 1899 (archives départementales du Finistère). Vue sur la partie Nord de l'église. Le monument aux morts va prendre appui sur l'angle de la maison de Pierre Furic et de son épouse Jeanne Cosquéric (mercerie).
Fig 5 : Toujours le côté nord de l'église St Thomas mais vu vers l'ouest cette fois-ci. Le mur de l'ancien cimetière est toujours présent, et un échalier permet au public de pénétrer dans le placître (comme le font les femmes au premier plan). C'est donc à partir de l'angle de ce commerce à gauche que sera construit le monument. (photo 1905-1910).
Fig 6 : le monument aux morts peu de temps après son inauguration.
L'inauguration.
Elle se déroulera le dimanche 16 décembre 1923. "A 10 heures, le cortège, avec en tête le député maire Maurice Bouilloux-Lafont, son adjoint M.Yvonnou, les conseillers municipaux, le représentant du préfet, le sénateur-maire de Quimper Le Hars, les députés Le Bail et Daniélou descendent la rue de l'église. Les enfants de l'école publique sont là également avec leurs maîtres, M.Monmoton pour les garçons et Mme Bévaden pour les filles. En tête, à la place d'honneur, les pupilles de la nation dont quelques-uns portent sur leur poitrine les décorations gagnées par leur père. L'office religieux est célébré par le curé Tanguy et pendant la cérémonie l'orchestre symphonique quimpérois de M.Le Bourhis se fait entendre".
Fig 7 : Maurice Bouilloux-Lafont (1875-1937). Maire de Bénodet de 1912 à 1937 - conseiller général du canton de Concarneau - Député du Finistère de 1914 à 1932 - Secrétaire de la chambre des députés de 1917 à 1919 - Vice-président de cette même chambre de 1924 à 1932-
Fig 8 : Charles Daniélou (1878-1953). Maire de Locronan de 1912 à 1944- député du Finistère de 1910 à 1936 - Est à l'origine de l'arrivée de Jean Moulin en tant que sous-préfet de Châteaulin (1930-1933).
Mais la journée n'est pas achevée... Après les discours d'usage, les chants des enfants et la Marseillaise " le cortège prend la route de corniche qui va l'emmener vers l'hôtel de la plage où M.Jacq a réservé à l'hôtel de la plage un excellent repas aux 150 convives qui ont pris place autour des tables : Potage - crevettes au beurre- boeuf bourguignon - poulet rôti aux marrons - pommes frites - salades - entremets - desserts- café- fine champagne - cidre bouché - vins rouge et blanc -"
Fig 9 : l'hôtel de la plage en 1923
sources : Journal "Le Finistère" du 16 décembre 1923 - archives départemetales du Finstère : côte 2 O article 82-
Je suis complètement d'accord avec le commentaire d'Ycorporeau.
Je ne connaissais pas l'histoire de ce monument que j'ai tant vu et sur lequel, le nom de mes 2 arrière grands pères est inscrit, comme tu le sais Renan. Sans doute que Mamie faisait partie des enfants pupilles de la nation. Encore une autre façon de renforcer mes racines. En plus de la lecture passionnante, je rajoute mon émerveillement pour les photos d'un Bénodet que je n'ai pas tout à fait connu comme ça mais dont j'ai tant entendu parler.
Que peut-on dire, Renan ?
C'est toujours parfait. et ta documentation implique tant d'heures de recherche(s)... Encore une fois merci.
Il y a certainement plusieurs façons d'aimer Bénodet, mais la plus profonde, la plus juste aussi, est celle qui consiste à connaître son histoire et à la respecter. Parce qu'au-delà des paysages, ce qui fait la réelle beauté d'un lieu c'est la manière dont les femmes et les hommes l'occupent et l'ont occupé.
Y Corporeau