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Photo du rédacteurRenan Clorennec

LE DESTIN DE CHRISTOPHE CADIOU UN DES MARINS DU "JACOBSEN" EN 1941 . NOUVEAUX ELEMENTS (2).

Dernière mise à jour : 30 oct. 2023

C'est la seconde fois que cet article est modifié et c'est tout l'intérêt de cette formule qui apparaît ici.

Nous allons en apprendre un peu plus quant au naufrage du "JACOBSEN".


Histoire du cargo


Le cargo Jacobsen fut lancé en 1923 par le chantier De Hoop à Leiden aux Pays-Bas. D’un port de 523 tonneaux, il livrait régulièrement à Quimper du charbon et du fer.

1923 – CAROLA (Nld)

1926 – CONSUL SUCKAU

1933 – JACOBSEN (Fra) – Société Dunkerquoise de Cabotage


Fig 1 : Le Jacobsen à quai dans le secteur du Cap Horn à Quimper. On remarque à gauche de la photo les installations de l'usine à gaz. Collection archives municipales de Quimper



Fig 2 : Photo du Jacobsen échoué en limite du chenal de l'Odet, à marée basse, en amont des installations portuaires de Quimper, sur la rive droite. Collection. Archives Municipales de Quimper, 3 Fi 47 17-19


Le vapeur réquisitionné


Le 26 mai 1940 alors qu’il revenait de Hull en Angleterre (il fréquentait aussi Cardiff et Swansea) à Quimper, il dut dérouter vers Le Légué (avant port de Saint Brieuc) pour y laisser sa cargaison et répondre à la réquisition.

Le 28 mai il était à Cherbourg d’où il repartit le 1er juin au soir avec 20 tonnes de vivres et de fourrage et 200 tonnes de munitions destinées au armées du nord.

Il arriva à Douvres le 2 juin à 16h. Il reprit la mer à 17 h sans perdre de temps et remorquant deux bateaux de pêche. Il faut dire que son commandant, Baert, capitaine au long cours âgé de trente sept ans, connaissait bien les parages. Il était domicilié à Malo-les-Bains, cité proche de Dunkerque.

Le petit cargo se présenta devant ce port vers minuit avec l’intention d’aborder la jetée ouest ; mais comme cette jetée était balayée par un tir d’artillerie, il accosta à bâbord, au début du môle est précédemment utilisé par les Anglais.

Mais le Jacobsen y trouva une foule de soldats. Le lance-amarre n’ayant pas été saisi correctement, Christophe Cadiou (originaire de Fouesnant) sauta à terre pour capeler un filin. Il s’aperçut que sa main était en sang, éraflée par un éclat.Il n’avait ressenti qu’une légère brûlure.

Le petit cargo put lui-même charger les passagers dans un temps record. Les premiers avaient hésité car il n’était pas rassurant de descendre dans la cale et les chaufferies. Finalement, ils furent 617 à descendre à Douvres le 3 juin vers 9h.


La fin tragique du Jacobsen


Ce fut par la presse régionale qu’on apprit dans le Finistère, la disparition du Jacobsen, le 12 février 1941, dans le golfe de Gascogne.

12/02/1941 – Il coule en quelques minutes à 25 milles à l’ouest de Bayonne à la suite d’une explosion dont l’origine reste inexpliquée. Le navire se rendait de Requejada (Santander) vers Bayonne avec 520 tonnes de minerai de fer.

Torpillé, il avait coulé en moins d’une minute avec 11 des treize hommes de son équipage.

Les deux survivants étaient Christophe Cadiou, de Fouesnant et Pascal Gouzien de Combrit. Le beau-frère de ce dernier, Alain Simon, était au nombre des victimes.

Christophe Cadiou nous a précisé : « il faisait encore nuit quand vers 7h30, je m’habillais pour aller prendre mon quart. Nous devions naviguer par le travers de Saint-Sébastien. Il y eut une formidable explosion qui me jeta sur le parquet. Je sortis de ma cabine en m’accrochant où je pouvais. L’eau qui s’engouffrait m’entraîna sur le dos du côté des embarcations. Je coulais avec le bateau, mais immédiatement je revins à la surface. Ma tête heurta une épave. Le choc faillit m’assommer. C’était une caisse que je saisis comme une bouée. Mais elle n’arrêtait pas de chavirer. Je la lâchais donc contre un billot de bois qui avait servi de défense quand le bateau était à quai. Il flottait à proximité. J’aperçus quelque chose de noir. Je manoeuvrais par un mouvement des pieds pour approcher cette épave insolite. Le ciel était avec moi : un radeau de notre fabrication, fait de planches sur deux grands fûts de deux cents litres percés sous l’effet de l’explosion, flottait au ras de l’eau. Je réussi à me hisser dessus et à m’attacher avec un bout de cordage qui s’y trouvait. Après quoi je perdis connaissance et je me ne me souvenais pas d’avoir été sauvé par un chalutier espagnol.



Fig 3 : Photo prise en 1940 ou 1941 : Christophe Cadiou au centre, entouré de deux camarades du Jacobsen.


« C’est Pascal Gouzien qui m’expliqua qu’il avait été repêché lui-même heure environ avant moi. Une jambe et une côte cassée, il se cramponnait à une baleinière chavirée. Nous n’étions sans doute pas loin l’un de l’autre.

« Le bateau espagnol, sur les indications de Gouzien, continua à patrouiller sur les lieux du naufrage et ce fut le mousse, paraît-il, qui avec ses jumelles me repéra.

« A Bayonne où l’on me débarqua, les Allemands m’interrogèrent. Ils me parlèrent d’une torpille envoyées par mes amis « mais anglais ». Je soutins que nous avions dû heurter une mine, mais en fait je n’en savais rien. »

Article extrait de l’ouvrage « La Bretagne à l’épreuve » de Alain Le Grand et A lain Le Berre, éditions Daoulan 1992




Fig 4 : Ouest-éclair du 27 février 1941. A noter que le minerai de fer cité en introdution s'est transformé en minerai de zinc... On évoque bien sûr Pascal Gouzien de Combrit, précisant qu'il avait déjà connu un naufrage avec la goélette "Domino" bien connue des marins de Sainte Marine et de Bénodet (armement Bolloré).




Très récemment, un petit message de M. Le Port me précisait que son père faisait partie des 11 hommes du "Jacobsen" qui avaient disparu. il m'a semblé logique, pour honorer la mémoire de ce marin, originaire de St Pierre Quiberon dans le Morbihan, de lui accorder un peu de place.



Fig 5 : extrait du matricule de Léon Le Port de St Pierre Quiberon. Né le 11 juillet 1897 à Sainte Pierre Quiberon, il avait donc 44 ans lorsque le Jacobsen a été torpillé.


Fig 6 : Photo de Léon Le Port, embarqué à l'époque sur le Edgard Quinet qui était un croiseur cuirassé, lancé le 21 septembre 1907, à l'Arsenal de Brest de 158.20 mètres de long.


Les dernières découvertes


Fig 7 : le cargo "Guilvinec" : une histoire complexe qui s'achève tragiquement

Construit par Lloyd Royal Belge à Scotstoun, en Ecosse comme construction de guerre classe C,sous le nom de War River en 1919; lancé en 1920; il est acquis en cours de construction par le Lloyd Royal Belge à Anvers en 1920 il prend le nom de Asier; le 31 juillet 1925 il est acquis par la Compagnie Africaine de Navigation à Anvers et prend le nom de Mambika; le 11 juin 1929 il est acquis par la Compagnie Maritime Belge, Lloyd Royal à Anvers et conserve le nom de Mambika; le 6 août 1937 il est acquis par la Compagnie Stanhope Steamship de Londres et prend le nom de Stanmore; en 1937 il est acquis par le Compagnie France Navigation du Havre et prend le nom de Guilvinec; en 1940 suite à la liquidation de la Compagnie France Navigation il est saisi par le gouvernement français et est mis en gérance chez Worms et Cie à Bordeaux.


Le 19 février 1941 il est coulé par le sous-marin britannique HMS Tigris au sud d'Hourtin après avoir quitté St Nazaire et alors qu'il faisait route vers route vers Casablanca. Les rescapés de l'équipage sont recueillis par le chalutier espagnol Tomas et débarqué à Pasajes-de- San-Juan ( autorisés à rentrer par les autorités allemande le 22 février seulement).

Le cargo "Guilvinec" est torpillé exactement une semaine après le Jacobsen par le même sous-marin britannique.

Celui-ci obéissait aux ordres de l'amirauté britannique. Les relations entre la "Marine de Vichy" et la Royal Navy n'ont pas toujours été simples. Pour exemple un certain Jean Maréchal que tous les bénodétois connaissent, après "la bataille de Diego Suarez" à Madagascar en 1942 , se retrouva prisonnier en Angleterre...


Fig 8 : A bord du HMS "TIGRIS" qui fut coulé le 24 février 1943 au large de Capri.


Remerciements sincères à Daniel Cadiou et Michel Le Port pour leurs témoignages.


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