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Photo du rédacteurRenan Clorennec

LA FAMILLE KERIVEL, DE DOUARNENEZ A BENODET

Dernière mise à jour : 18 nov.




Certains patronymes comme certains prénoms également, restent très attachés à leur territoire d'origine. Aussi n'est-il pas surprenant d'apprendre qu'Herlé (Saint patron de la paroisse de Ploaré) Kerivel est né le 7 juillet 1895 à Douarnenez d'un père, Henri, marin pêcheur et d'une mère, Marie Anne Quéau, ménagère. Il avait un frère aîné, Eugène et deux cadettes, Sidonie et Ernestine.

Herlé, le 1er octobre 1923 épouse à Douarnenez Annette Belbéoch, fille de marin pêcheur également.


Fig 1 : Photo de mariage d'Herlé Kérivel et de Annette Belbeoch.


L'installation à Bénodet

Le 17 juin 1932, le sous patron Kerivel du "Rédacteur Pompon" (vedette construite au chantier Robert Craff de Bénodet) à la Trinité sur Mer, a été appelé à prendre le commandement de la vedette "Les Glénans" de Bénodet. Il avait été en poste au préalable à Ouistreham (Calvados).


Fig 2 : Herlé Kerivel patron de la vedette garde-pêche "Les Glénans"




Fig 3 : Herlé Kerivel à bord de la vedette garde-pêche.



La famille s'installe donc à Bénodet et le couple Kerivel avec ses 3 enfants, Hélène, Jean et René, aura le bonheur d'accueillir la petite Annette, le 4 octobre de cette année 1933 dans une maison de l'avenue de l'Odet.


Fig 4 : Mme Kerivel et ses 3 premiers enfants : René dans les bras de sa maman et devant eux Jean à gauche et Hélène à droite.


Fig 5 : 1933-1934 : Bénodet école publique de filles. En haut et à droite Hélène, l'ainée des 4 enfants du couple Kerivel.


Fig 6 : Le courage d'Herlé


1941 : La perte du frère aîné Eugène

La seconde guerre mondiale n'aura pas d'effet sur la carrière d'Herlé (au moins dans un premier temps) qui avec sa vedette poursuivait les missions qui lui était confiées.

Cependant une terrible nouvelle affecta la famille toute entière en juilet 1941 : l'arrestation d'Eugène, frère aîné d'Herlé et de son épouse Léoncie.


Eugène Kérivel, capitaine côtier dans le service des Ponts et Chaussées, s’était marié le 6 avril 1920 dans sa ville natale de Douarnenez avec Léoncie Le Doaré. Il militait, dès 1930, au Parti communiste et à la CGTU dans sa ville natale. Peu avant la guerre il fut muté à Basse-Indre, près de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), où il était domicilié 8 quai Jeanne d’Arc. Il participa avec sa femme à la constitution du Parti communiste clandestin et organisa la résistance locale. Il fut arrêté le 24 juillet 1941 à Saint-Nazaire, pour propagande antinazie et diffusion de tracts. Il fut un des premiers internés politiques du camp de Châteaubriant (camp de Choisel) et fit partie, le 22 octobre 1941, des « vingt-sept fusillés » comme otage, en représailles à l’exécution du commandant Karl Hotz à Nantes, du 22 octobre 1942.


Sa femme, qui avait été arrêtée quatre jours avant lui, le vit partir pour le poteau d’exécution et proposa aux Allemands de mourir aux côtés de son mari à la place de Guy Môquet. On le lui refusa et elle fut déportée en Allemagne. En 1945, elle revint à Douarnenez, fut désignée comme membre du comité local de Libération et devint adjointe au maire après les élections de mars 1945. Elle mourut le 24 septembre 1976 à Nantes.


Le nom d’ Eugène Kérivel figure à Châteaubriant sur le Mémorial de la « Carrière des Fusillés » , à Indre sur le monument aux morts, à Nantes sur le monument commémoratif des 50 otages, à Bagneux sur la stèle "aux 27 héros fusillés le 22 octobre 1941 à Châteaubriant" et à Montreuil sur le Monument des Martyrs -.


Fig 7 : photo d'Eugène Kerivel



Une année 1942 tout aussi douloureuse


Fig 8 : La famille Kerivel. Photo prise à Bénodet le 24 mai 1942. Communion de René.

A premier rang et à gauche Annette, puis René au centre et enfin Jean à droite.

Derrière eux, Hélène (en haut et à gauche) puis les parents, Herlé et Annette.




Fig 9 : Herlé et son fils Jean


Hélas, quelques semaines plus tard, le 1er juillet 1942, Jean décèdera d'une méningite foudroyante.

L'énigmatique disparition de la vedette garde-pêche


LES GLENANS, vedette garde-pêche basée à Bénodet.

"Pendant les années sombres de l'occupation une vedette de 18m a disparu corps et biens dans l'archipel des Glénan. Cette vedette baptisée : Les GLENANS appartenait aux affaires maritimes et était affectée à la surveillance des pêches dans les quartiers de Concarneau et du Guilvinec et bien sûr dans la zone des Glénan. Le patron (depuis juin 1932, ex patron du REDACTEUR POMPON) était Herlé Kérivel demeurant à Bénodet et l'équipage composé d'un mécanicien et de deux matelots. Le port d'attache du bâtiment était à Bénodet.

En 1942, les autorités allemandes en garnison à Bénodet ont réquisitionné le navire. Les buts de cette réquisition restent obscurs, peut-être pour tracter une plate-forme où avait été installé un canon à déposer aux iles, ou alors pour tracter une cible pour entrainement au tir, mais probablement pour faire une "virée" aux îles avec des provisions de bord récupérées dans les caves des hôtels occupés de la station. Le patron avait tenté de persuader les militaires allemands que la navigation etait périlleuse et que seule la parfaite connaissance du plan d'eau pouvait permettre une sortie en toute sécurité. II s'est également proposé pour tenir la barre et les accompagner, demande vaine et la rage au cœur, il a dû s'incliner et laisser les occupants prendre possession de son bâtiment. Dix sept allemands auraient embarqué.

La vedette n'est jamais revenue au port et a très certainement coulé dans les parages des Glénan. Aucune communication n'a été faite évidemment par les autorités et le lieu et les circonstances du naufrage sont encore inconnues.

Les recherches entreprises actuellement auprès des autorités maritimes de Concarneau et du Guilvinec, du service historique de la marine de Brest, de l'établissement national des invalides de la marine de Paimpol sont restées vaines. Les seuls souvenirs recueillis sont quelques photos, et une bouée couronne, restée au port."




Fig 10 : exercice de tir à bord de la vedette "les Glénans"



Une famille très intégrée dans la vie locale


L'avenue de l'Odet


Fig 11 : vue aérienne ancienne du quartier de Kerlidou (au second plan) avec les 2 maisons probablement louées par la famille Kerivel avenue de l'Odet

1 : une maison dont le pignon de pierres donne sur l'allée de Kerlidou qui mène à "lost ar moor".


Fig 12 : "Au 54 avenue de l'Odet, on voit le pignon en pierre, il y a eu des extensions depuis. Notre mère (Annette) est née dans cette maison que louait nos grands parents. Son frère Jean y est décédé dans cette chambre qui donne sur la rue, remplie de fleurs de Lys blancs, une odeur que ni notre tante Hélène ni notre mère ne pouvait plus supporter". 



Fig 13 : "La famille a un temps habité dans une dépendance des Arcades ou peut être dans la maison des Arcades, un peu plus loin en face, au 37 Bis. " Ils gardaient et entretenaient cette belle demeure, la préparait quand les propriétaires venaient y séjourner pour l'été, propriété de la famille Lechat, qui s'était prise d'affection pour notre mère qu'ils avaient connus petite fille. Madame Lechat aimait beaucoup pêcher du bouquet des Glenan".


Fig 14 : 1942 : Devant la villa voisine de celle des "Arcades" de la famille Le Chat, avenue de l'Odet, Jean, Annette et René.


Fig 15 : 1950- Madame Kerivel dans les jardins de la villa "Les arcades".


Les enfants


Notre tante Hélène, travaillait l'été en saison au grand hôtel de Kermoor, (notre mère également), gardait après leur service à l'accueil ou en salle, les enfants des familles de touristes fortunes résidents dans cet établissement prestigieux. Une famille, dont le père était diplomate français en poste à New York puis au Japon, lui a demandé si elle accepterait de les suivre dans ces expatriations à l'ambassade de France pour prendre en charge le poste de gouvernante de leurs enfants. Une proposition qu'elle a acceptée, elle a beaucoup voyagé et appris l'anglais. Elle faisait partie de l'association de jumelage entre Bénodet et une ville d'Angleterre (Torpoint) jusqu'à la fin de sa vie. Elle a repris la gestion de pensions de famille, au Havre notamment, qui hébergeaient les passagers 1ere classe le temps d'une escale des grands paquebots transatlantiques. Elle s'est mariée avec un ancien officier chirurgien militaire du Gers, Ferdinand Barbelanne, a vécu dans leur magnifique et immense propriété à Portet en Pyrénées Atlantique puis à Urrugne près de St Jean de Luz. Au décès de son mari, elle est revenue vivre à Clohars Fouesnant, Menez St Jean



Fig 16 : Mariage de Hélène Kerivel et Ferdinand Barbelanne à Clohars-Fouesnant le 22 juin 1968. Au second rang plan et de gauche à droite : René Kerivel, sa maman Annette, sa tante Marthe Belbéoch et son oncle Louis Belbéoch.

Au premier plan Anne kérivel, fille de René (et Maïté), Françoise sa soeur aînée et les deux jeunes époux : Hélène Kerivel et Ferdinand Barbelanne.



Fig 17 Hélène aux côté de son époux Ferdinand Barbelanne.



RENE

En 1946, c’est à l’âge de 16 ans que René Kerivel s’engage dans la Marine nationale. Il suit les cours de l’école des mousses du Dourdy (Loctudy), puis à l’école de radio de Porquerolles.

  Il embarque ensuite en tant que radio sur les bâtiments Tigre et Albatros. En 1949, René Kerivel qui est désigné pour l’Indochine, est affecté comme quartier-maître radio dans les fusiliers marins. Durant 27 moi, dans les unités de combat, « les Dinassants », il navigue dans des conditions particulièrement difficiles et dangereuses sur le fleuve Mékong.

Retour en métropole. En 1956 René Kerivel est sur le croiseur « de Grasse » qui participe à la campagne de Suez. Il a aussi des postes à responsabilité, entre autres, chef de la station radio inter-armes aux Antilles.

  Sa carrière s’achève à Brest. Ses qualités de technicien sont reconnues par la DCN où il sert pendant 23 ans, en qualité de chef de travaux électronicien. Globalement René Kerivel a effectué 44 ans au service de la défense militaire. Il est titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre TOE, de la croix du combattant et d’autres décorations et de la médaille de reconnaissance de la Nation.



Fig 18 : René au premier plan lors de l'hommage aux marins du sous-marin Sibylle disparu au large du Cap Camarat le 23 septembre 1952.



Fig 19 : Maïté Le Roy et René Kérivel - Korollerien Bénodet





Fig 20 : Maïté Le Roy reine des voiles blanches.



Fig 21 : Mariage de Maïté Le Roy et René Kérivel. Photo prise à Menez Frost le 28 septembre 1953


ANNETTE


"Notre mère a travaillé dans la boutique de mode et couture "Rolande", près des quais à Quimper. Rolande était une formidable commerçante, se rendait aux défilés de haute-couture à Paris, achetait de beaux tissus, rentrée à Quimper proposait à sa clientèle fortunée quimpéroise les derniers modèles mode parisiens avec beaucoup de succès. 

Notre mère qui travaillait chez Rolande comme vendeuse et couturière,  était très douée de ses mains :  couture, confection de chapeaux... grand sens esthétique et goût des belles matières, mannequin pour Rolande à l'occasion pour étrenner les derniers modèles de la mode parisienne.

 Nos parents se sont rencontrés à Quimper par des amis communs.

Elle nous a toujours confectionné de jolies robes et vêtements dans notre enfance.

Annette, une fois mariée a suivi son mari Lucien Goraguer lors de ses affectations de jeune officier des troupes de marine, en Nouvelle Calédonie, au Tchad à Djibouti, en Auvergne,  à Vannes, Rennes...Ils ont eu 4 enfants, 10 petits enfants. 

Ils se sont installés dans leur maison à Penfoul, pour leur retraite, maison qu'ils avaient fait construire en achetant un terrain à la famille de Mauduit. Mon père a fait partie, (si mon souvenir est correct,  la carte de membre #1), de l'association des pêcheurs plaisanciers du port de plaisance de Bénodet où il avaient de nombreux amis. 





Fig 22 : Annette dans les jardins de la villa "les arcades"

Fig 23 : La reine des voiles d'or, Maïté Cochin, encadrée des ses 2 demoiselles d'honneur : à gauche Annette Kerivel et à droite Arlette Troboé.


Fig 24 : 31 août 1957 mariage religieux d'Annette Kerivel avec Lucien Goraguer en tenue de St Cyrien.




Fig 25 : Dans les jardins de l'hôtel Menez Frost, à gauche Mme Annette Kerivel, mère de la mariée et Léon et Gabrielle Goraguer, parents du marié. Léon, ancien directeur d'école et fondateur du bagad du moulin vert fut maire de Penhars puis de Quimper.

Herlé s'en était allé il y a peu, le 10 juin de la même année 1957.


Remerciements à tous les petits-enfants Kerivel qui ont rendu possible cette publication: Marie-Annick, Armelle, Janig, Herlé, Françoise, Anne

A André et Alice Le Roy

A Arlette Cornec.

N'oublions pas le très poignant site créé par Marie Annick et consacré à son grand oncle Eugène exécuté à Châteaubriant et à Léoncie l'épouse de celui-ci, déportée à Ravensbruck.










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