C'est une découverte récente dans une liasse concernant les concessions sur le domaine fluvial (le long de l'Odet) qui va accélerer le processus de découvertes.
Dans cette liasse, une petite carte réalisée à la main, attira le regard du "chercheur".
fig 1 : Petite carte dessinée à la main le 23 janvier 1862 par Louis Armel Bellanger propriétaire de la parcelle 19 section A (bourg de Bénodet).
Pour aider à la localisation, sur la gauche il est indiqué "route de Bénodet à Quimper" (avenue de l'Odet donc) et entre les lettres A et B, il est noté" chemin qui fait l'objet de la demande du pétionnaire". Pour pouvoir accéder à sa propriété, ce Mr Bellanger demandait à pouvoir réaliser sur le rivage un chemin qui lui serait donc concédé.
On peut aussi constater que tous les terrains autour de cette parcelle 19 section A appartiennent à la famille Hernio (château de Bodinio à Clohas-Fouesnant), famille qui possédait la ferme de Kernoter, visible sur le dessin. A ce propos l'origine du nom Kercréven pour désigner ce quartier est pour l'instant un mystère.
Mais pousuivons le propos.
vente 1 :
23 février 1850 vente par Mme de Kerallain à Raphaël Gowland de la
parcelle A19 dite « Pen ar Menez »,
"Par devant Maître Chauvel et son collègue notaire, à la résidence de Quimper, chef-lieu du département du Finistère ; sous-signés
Madame Jeanne Renouard, veuve de Mr Jean Baptiste Prigent de Kerallain, propriétaire demeurant à Quimper agissant et se portant fort pour Mr François Emmanuel Prigent de Kerallain, son fils, propriétaire demeurant aussi à Quimper, laquelle Dame comparante, aux qualité qu’elle agit, déclare vendre, céder et transporter par le présent, avec garantie, à Mr Raphaël Henry Gowland, propriétaire demeurant à sa terre de Kerrien en la commune de Penhars, ici présent et acceptant une pièce de terre à lande nommée « pen ar ménez » inscrite au plan cadastral sous le n° 19, section A, la dite pièce de terre faisant partie du lieu de Kerlidou en la commune de Perguet et parfaitement connue du sieur Gowland qui n’en désire plus ample description."
On comprend mieux pourquoi l'acquéreur cité dans le document 1, Mr Louis Armel Bellanger avait effectué cette demande de concession le long de l'Odet. Son terrain était en effet enclavé dans les terres de la ferme de Kernoter à la famille Hernio. Seule la parcelle A 19 dépendait de le ferme de Kerlidou.
Quant à ce Mr Raphaël Henry Gowland, on le connaît bien dans le bas du bourg de Bénodet où il a déjà acquis deux maisons.
Fig 2 : Plan de situation des 2 maisons de Raphaël Gowland mises en vente en février 1891
Fig 3 : La première maison de Raphaël Gowland située au sud de l'église St Thomas (à droite donc) et qui devînt ensuite l'Hôtel Le Bec.
Fig 4 : La seconde maison de Raphaël Gowland de teinte rose et constuite vers 1843. Le terrain entre les deux maisons lui appartenait également.
Vente 2
Vente du 11 décembre 1856 de la parcelle A19 « Pen ar Menez » par Raphaël Gowland aux époux Bellanger,
L’an 1856, le 11 décembre.
Devant M° Mauduit et son collègue, notaires, à la résidence de Quimper, chef-lieu du département du Finistère, sous-signés,
a comparu
Mr Raphaël-Henry Gowland, propriétaire demeurant en sa terre de Kerien sur la commune de Penhars,
lequel a, par ses présentes, vendu, cédé et transporté avec garantie à Mr Louis Bellanger et Mme Thomasa Arrigui son épouse, propriétaires, demeurant ensemble à Quimper, ici présents et qui ont accepté,
une pièce de terre à lande nommée « « Pen ar Menez », inscrite au plan cadastral sous le numéro 19, section A, ayant dépendu du lieu de Kerlidou en la commune de Perguet, telle que la pièce de terre se contient et comporte avec ses circonstances et dépendances, y compris les foués qui peuvent en dépendre et tous les droits y afférents sans exception, sauf toutefois les blés en terre qui sont expressément réservés par le vendeur, le tout parfaitement connu des acquéreurs, ainsi qu’ils nous l’ont déclaré,
origine de propriété
Cette pièce de terre appartient à Mr Gowland pour l’avoir acquise de Mme Renouard, veuve de Mr Jean-Baptiste de Kerallain, propriétaire demeurant à Quimper suivant contrat passé le 23 février devant M° Chauvel notaire au dit Quimper, dûment enregistré,
Charges et conditions de la vente
La présente vente avec tradition et jouissance à, partir de ce jour, a été faite et convenue pour et moyennant une somme principale de deux mille francs que Mr Et Mme Bellanger ont à l’instant et en notre présence, comptée à Mr Gowland qui leur en a consenti quittance définitive et sans réserve.
En l’endroit Mr Gowland a remis aux acquéreurs les titres de propriété dont décharge.
Fait et passé à Quimper, en l’étude, sous les seings des comparants, sauf Mr Bellanger qui ne signe pas, a déclaré ne le savoir, après lecture.
Arrêtons nous un petit peu sur ce couple Bellanger habitant Quimper.
La première fois que Louis Armel Bellanger "me fut présenté", c'était par l'intermédaire de Annick Le Douget, grande spécialiste s'il en est de de l'histoire de la justice et de la criminalité en Bretagne.
"En 1873, selon ce procédé d'adjudication, le concessionnaire des grèves de Perguet
(toutes les plages de Bénodet) est un sieur Louis-Armel Bellanger, propriétaire, demeurant à Quimper".
Les découvertes récentes ont eu pour effet de partir plus avant à la recherche de cette personne au destin manifestement singulier.
Louis Armel Bellanger est né le 26 novembre 1821 à Quimper, rue du Quai, fils deThomas "couvreur en ardoises" et de Céline Jarno.
Fig 5 : Extrait du passeport de Louis Armel daté du 24 mars 1846 . A cette date il hbite Bordeaux , rue des Augustins et se prépare à prendre le bateau pour le Canada du haut de ses 24 ans. Il est peintre vitrier et exempté du service militaire.
En étudiant les démembrements (recensements) de population de la commune de Quimper, on le retrouve en 1856, vivant rue de Brest avec son épouse Thomase Areiller et 5 ans plus tard au même endroit mais son épouse, cette fois se nomme Françoise Rahéghé. On est loin de Thomasa Arrigui...
Et c'est donc ce jeune couple qui achète la parcelle de 6000 m2 et bordé de deux côté pas l'Odet.
Louis-Armel a 33 ans et son épouse péruvienne Thomasa 31 ans.
La construction s'effectuera durant l'année 1858.
" Une maison et habitation, jardin et champ, bâtiments de service, écurie, remise, bassin, pompe, fontaine."
"Quant au bassin, il a été construit par Mr Bellanger, par un arrêté de Mr le ministre de la marine et des colonies ainsi qu’il la déclaré."
Fig 6 : Le dessin de 1862 avec les 3 constructions que Louis Armel Bellanger a fait paraître : l'habitation qui semble être "en 3 parties", un second bâtiment plus petit situé à droite de l'entrée, et" le bassin construit par un arrêté de Mr le ministre de la marine et des colonies "
une hypothèse qui vaut ce qu'elle vaut...La chapelle de l'institution n'a t-elle pas réutilisé l'emplacement, les murs, le toitures de ce qui était auparavant une écurie ou une remise ?
Fig 7 : le bassin sur un plan plus tardif :
" Les élèves ont au pied de l'enclos, un vaste bassin où, sans péril, ils prennenet les bains de mer et s'exercent à nager" . Extrait d'un document rédigé par l'institution Saint Joseph qui s'installera ensuite (1864)
Fig 8 : La maison des Bellanger vendue à Alexandre Mauduit. Source : archives du Finistère Fonds Le Chat.
Mais dès 1862, cette maison BELLANGER sera proposée à la vente ou à la location, comme le montre cette annonce parue le 12 septembre 1862 dans "l'Impartial du Finistère".
Fig 9 : Outre la proposition de vente ou de location, cette annonce nous apprend la destination du bassin construit sur le domaine fluvial au nord de la propriété : "Un réservoir à poissons, de cent mètres carrés, servant à l'étude de la pisciculture et pouvant contenir des embarcations de plaisance".
Vente 3
Hypothèque sur la vente de la propriété des époux Bellanger à l’abbé Mauduit
« Le 9 septembre 1864 a été présenté à la formalité de la transcription, l’acte de mutation dont la teneur suit : L’an 1864, le 31 août, devant maître Lesneven et son collègue, notaires, à la résidence de Quimper, chef-lieu du département du Finistère, soussignés. Ont comparu Mr Louis Armel Bellanger et Thomase Arrégui son épouse de lui autorisée, propriétaire demeurant ensemble à Quimper, lesquels ont par ces présentes vendu conjointement et solidairement avec toutes les garanties de droit à Mr Alexandre Mauduit, prêtre, demeurant à Bénodet en la commune de Perguet ici présent et qui a accepté une propriété située au dit bourg de Bénodet et consistant en une maison et habitation, jardin et champ, bâtiments de service, écurie, remise, bassin, pompe, fontaine, telle en un mot que la dite propriété se poursuit et comporte avec ses circonstances et dépendances, sans exception ni réserve, et telle que Mr et Mme Bellanger en sont eux-mêmes propriétaires, le tout parfaitement comme de M. l’abbé Mauduit ainsi qu’il l’a déclaré pour l’avoir vu et visité.
Etablissement de propriété :
Mr et Mme Bellanger qui ont créé cette propriété et ont fait construire eux-mêmes tous les édifices qui y existent, ont acquis le terrain qui en dépend et qui n’était autrefois qu’une pièce de terre à lande nommée « penn ar menez », de Mr Raphaël Henri Gowland, suivant contrat du 11 décembre 1856 au rapport de M°Mauduit notaire à Quimper. Mr Gowland l’avait lui-même acquis de Mme veuve Prigent de Keralain suivant contrat et passé le 23 février 1850 devant M° Chauvel, notaire à Quimper. Elle appartenait à cette dernière comme propriétaire du lieu de Kerlidou dont la pièce de terre en question faisait autrefois partie. Quant au bassin, il a été construit par Mr Bellanger, par un arrêté de Mr le ministre de la marine et des colonies ainsi qu’il la déclaré.
Clauses et conditions de la vente.
La présente vente avec transcription de ce jour et jouissance par la perception des revenus à compter du 29 septembre dernier, a été faite et convenue entre les parties, d’abord pour et moyennant une somme principale de 18000 francs que Mr Mauduit a à l’instant et en notre présence compté à Mr et Mme Bellanger qui le reconnaissent etc.
Cote d’archives : 7 Q 5 art. 179
Pour aller plus loin : L'histoire de la chapelle de l'institution St Joseph
L’institution Saint Joseph ou un pensionnat de garçons sur la commune de Perguet de 1864 à 1872
Restera maintenant à connaître dans quelle circonstance et pour honorer quelle personne, cette propriété a été baptisée "Kergaït .
Un remerciement global à tout le personnel des archives départementales du Finistère pour leur dévouement et leur gentillesse. Sans lui, cet article n'aurait jamais été écrit.
Bravo et merci pour ce travail!
Quel travail de recherche !!!! Bravo