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L'HISTOIRE DE L'HOTEL KER MOOR

Dernière mise à jour : 6 févr. 2021

L'hôtel Ker Moor, véritable institution bénodétoise, est appelé à connaître de profondes mutations dans les mois à venir. Une ces mutations, et elle sera évoquée concerne les fameuses toiles du peintre quimpérois Pierre de Belay, qui ornent les murs de la salle du restaurant.

Pour ce qui est du bâtiment le premier propriétaire et constructeur se nommait Léon Thornton.

Le 26 avril 1898, à Pornic décède le général de division Léon Thornton. Il était né le 25 février 1821 à Nantes de William Nataniel Thornton et de Thérèse Lelièvre de Saint Rémy. Il fut élève de l’école de St Cyr entre 1843 et 1845. Au cours du XIX° siècle on le rencontra sur plusieurs théâtres d’opérations comme en Crimée entre 1854 et 1856, en Italie en 1857 puis en 1867 et 1868. Il fait la guerre de 1870 d'abord à l'armée du Rhin, jusqu'au 9/9/1870, en réussissant à conduire son régiment à travers la frontière Belge et évitant ainsi la reddition de Sedan. Dans la seconde partie de la campagne, il sert à l'armée de l'Est avec laquelle il est interné en Suisse. A la réorganisation de l'armée après la défaite, il est nommé à la tête de l'école de cavalerie de Saumur, lors de sa réouverture le 12/2/1872. Il achève sa carrière militaire en 1886.

Cette même année alors qu’il est âgé de 65 ans, on le trouve dans le dénombrement de la commune de Perguet où il est propriétaire d’une villa baptisée « la délicieuse ». Il y vit seul avec une cuisinière et une domestique.

En août 1891 sont vendus à Kerloch en Bénodet au domicile du général Thornton tous « les meubles meublants et objets mobiliers » et il semble que la vente de cette villa ne put se réaliser qu’en 1893.


Second propriétaire : Antoine Canet



Le nouvel acquéreur se nomme Antoine Canet, et tient un gros commerce de tissus au n° 7 de la rue Royale (aujourd’hui rue Elie Fréron) à Quimper. Il est très connu sur

la place quimpéroise et sera adjoint au maire Théodore Le Hars.

Cette propriété de Bénodet en imposait car on la baptisait parfois « le château Canet ». Antoine Canet ne la conserva cependant que pendant 7 années.

En avril 1900 parait dans la presse locale l’annonce de la vente d’une villa avec vue splendide sur la mer et sur la rivière comprenant 12 chambres,


Aquatinte d'André Dauchez réalisée en 1902



3ème propriétaire : Rodolphe Koechlin


Il est né le 14 octobre 1847 à Mulhouse ; il est le fils d’Emile, né en 1808 à Mulhouse, décédé le 3 mai 1883 à l'âge de 75 ans, Fabricant, manufacturier, inventeur d'un régulateur pour moteur hydraulique, maire de Mulhouse. Rodolphe se marie le 30 janvier 1872, Basel (Bâle) Suisse, avec Emma Julie Engel, née le 21 septembre 1849 - Dornach, décédée le 8 janvier 1947 à Versailles à l'âge de 97 ans.

Il se destine à l'industrie et sort de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1869. Au moment de la conscription, il se fait remplacer mais

il part en 1870 avec son remplaçant, donnant ainsi un défenseur de plus à la patrie. Ingénieur, il est promu capitaine du Génie des Mobiles du Haut Rhin et participe à la défense de Belfort sous les ordres du Colonel Denfert Rochereau.

Sa nationalité lui interdit de séjourner plus de 24 heures consécutives en Alsace. Il fait donc chaque jour le trajet aller et retour de Bâle à Mulhouse. Il a quatre enfants durant son séjour en Suisse. Quelques années plus tard, il quitte Bâle pour prendre à Paris les fonctions d'agent général d'une firme mulhousienne. Il demeure dans la capitale jusqu'aux dernières années du siècle et en 1900 donc il acquiert la propriété de Ker ar Moor.

Le dénombrement de la population de 1901 nous apprend que cette année-là les Koechlin vivent seuls dans cette immense propriété aidés seulement par une jeune cuisinière manifestement d’origine alsacienne, Marie Ott. En 1911, Rodolphe et Emma ont été rejoints par un de leurs 4 enfants, Georges, 29 ans. 5 autres personnes, toutes de la région, occupent des fonction de cuisinière, jardinier ou femmes de chambre. Ancien chef de bataillon territorial mais également ancien industriel du textile, il reçut la légion d’honneur quelques mois après son arrivée à Bénodet. Son fils Georges en fut également bénéficiaire le 14 août 1916 comme le montre l’article ci-après .

La famille était impliquée dans la vie sociale bénodétoise et en particulier dans la société de tir locale.

« Nous pouvons observer avec quel dynamisme un dénommé Georges Koechlin, qui est lieutenant de réserve du 118ème Régiment d’Infanterie, et par ailleurs vice-président de « La Cornouaille » va implanter des comités de tir dans les communes des environs de Quimper.

D’abord en 1907, fondation d’un comité à Bénodet, avec stand de tir installé à l’école du Perguet (Déclaration au J.O. du 30 juillet et premier concours le 2 septembre). Voici ce que Koechlin fait valoir au préfet, qu’il sollicite pour doter le concours d’une médaille : « Bien que conformément à la circulaire sur les sociétés de tir, il n’est pas question de politique, Bénodet, noyau de républicains, appréciera certainement à sa juste valeur la faveur que vous voudrez bien lui faire » Trois concours de tir ont lieu chaque année, en avril, août et septembre, avec participation de nombreux Quimpérois et séries réservées aux dames. « … le but de cette société et celui des concours qu’elle organise chaque année : vulgariser l’étude du tir, l’enseigner à l’école aux enfants de 10 à 14 ans, conserver chez les adultes le goût du tir, c’est-à-dire coopérer à la défense nationale » (Le Finistère du 14 août 1909).

Vivant à Bénodet, la famille possède un voilier baptisé « Alsace » et un canot « Mulhouse » : on n’oublie pas ses origines alsaciennes.

En juillet 1919 la villa Ker ar Moor est mise en vente. Peut-on voir deux raisons à cette décision ? La première serait d’ordre sentimental avec un retour en Alsace enfin redevenue française et la seconde ayant trait à la santé.

En effet, le 6 janvier 1920, Rodolphe Koechlin s’éteint au château de Ker Moor comme il est écrit dans l’acte de décès.



La plage du Trez et Ker Moor en 1913. Huile de Jean Puy


4ème propriétaire : Jean Marie Daniel

Le 26 mai 1886 à Gouesnac’h, Jean Marie Daniel, 28 ans, cultivateur à Plomelin où il est né le 21 septembre 1857, fils de feu Jean Marie et de feue Marie Jeanne Prigent, prend pour épouse Marie Barbe Clorennec, 21 ans cultivatrice, née à Pleuven le 10 avril 1865.

L’année suivante, en 1887 donc, le 8 mars, naîtra au foyer de Jean Marie et Marie Barbe, à Pennanguer en Plomelin, le petit Jean Marie Lucien Julien.

En 1891, à Plomelin, dans la boulangerie du bourg, Marie Thérèse Cornic, commerçante , 28 ans, épouse de Charles Forlay, 33 ans donne naissance à son second enfant, Marie Yvonne.

Le 20 avril 1891, on célèbre le mariage de Jean Marie DANIEL, 24 ans et de Marie Yvonne FORLAY, 19 ans, toujours à Plomelin.

Le couple Jean Marie et Marie Yvonne s'installe ensuite à Quimper et Jean Marie devient négociant en vins. C'est lui qui en 1920 rachète la propriété aux Koechlin.

En 1923 il fera appel au peintre Quimpérois Pierre Savigny de Belay pour exécuter le décor de la nouvelle salle de restaurant.

André Cariou auteur d'un livre sur Pierre de Belay nous donne quelques clefs de compréhension

"Le projet a comme origine la relation entre le M. Daniel de l'époque, le grand-père de l'actuel propriétaire, et le frère de Pierre de Belay qui se connaissent bien, ayant fait leur régiment ensemble. Ayant fait construire une nouvelle salle à manger sur l'emplacement de la terrasse, M. Daniel imagine d'en décorer les murs ou bien De Belay lui en souffle l'idée. Il est vrai que le succès du décor de l'Hôtel de l'Epée de Quimper était dans toutes les têtes du monde de l'hôtellerie cornouaillaise. Pour ce travail, De Belay reçoit 10 000 fr, assez belle somme, qu'il remet à sa famille. Ce n'est que beaucoup plus tard qu'il négociait chaque printemps son séjour estival contre un décor".








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