Si le nom de cette navigatrice parlait un peu à l'oreille de l'auteur de cette page, il ignorait absolument tout de l'épopée qu'elle va connaître.

En janvier 1968, le commandant Bernard Waquet,un ancien capitaine de corvette de l'aéronavale , considéré comme un des précurseurs dans le domaine des multicoques de course, décide de confier la barre du trimaran Koala III à une jeune allemande pour le moins inexpérimentée, Edith Baumann. Lui confier la barre pour la troisième édition de la transat anglaise. Ils s'étaient rencontrés par le plus grand des hasards à La Rochelle en mai 1967 et à cette date Edith Baumann ignorait tout des choses de la voile.

Fig 1 : Edith Baumann et son chien Schatz

Fig 2 : Le commandant Bernard Waquet, mentor d'Edith Baumann et architecte du Koala III.

Les préparatifs de cette traversée se sont pour l'essentiel déroulés à Bénodet. Car c'est ici au chantier tenu par Robert Craff que le trimaran Koala III fut construit. L'architecte en était Bernard Waquet.

Fig 3 : Koala III sur le site du chantier Craff, allée de Ker Moor à Bénodet.

"Début novembre 1967, j'avais suivi à Bénodet, à l'école de voile du Letty, un cours de voile assez rapide, avec ma soeur Helga qui était venue d'Allemagne pour me tenir compagnie".

En janvier 1968, le commandant Waquet "décide d'établir ses quartiers à l'hôtel de la Poste à Bénodet et y loue deux chambres. Nous passons au chantier Craff voir le Koala III et je suis un peu inquiète de constater que la fixation des flotteurs est à peine commencée. Les gens de l'hôtel sont pleins d'attention pour moi, surtout Marie, la serveuse, qui au bout de quelques jours prit l'habitude de m'apporter mon déjeuner dans mon lit le matin."

" C'est à cette époque que j'ai manifesté l'intention d'acquérir un petit chien pour me tenir compagnie dans ma course en solitaire mais mon chef a repoussé cette idée".

Peu de temps après, profitant que "le commandant Waquet devait se rendre à Auray pour affaire, je lui demandais de m'emmener à Quimper, mais il prétexta qu'il n'avait pas le temps. Mme Guillou, propriétaire de l'hôtel de la Poste, dut avoir pitié car elle me prêta sa voiture et je me rendis tout droit au chenil de Quimper où l'on me présenta une malheureuse petite chienne de quatorze mois qui venait d'avoir une portée. Au fond elle avait besoin d'autant d'affection que moi et nous allions bien nous entendre".

Fig 4 : Mise à l'eau de Koala III sur la plage du Trez à Bénodet. Photo Noël Guiriec

" Le 2 mars fut un jour de fête à Bénodet pour tous les gens qui suivaient les progrès de la construction du Koala III et l'instruction de son pilote. Depuis la veille, le bateau avait été démonté en pièces détachées au chantier Craff ; la coque centrale, avait été installée sur un chariot en vue de la remorquer sur une centaine de mètres et de la déposer sur la plage à marée basse. L'opération transports et assemblage, commencée à 8 heurs du matin, fut achevée à 15 heures.

M. Craff, le constructeur du bateau, promenait à la ronde un sourire satisfait et répondait aux mille questions. Je le revois toujours avec sa barbiche et sa casquette ornée du macaron du Yacht Club de l'Odet.

Fig 5 : A propos de Robert Craff : "Je le revois toujours avec sa barbiche et sa casquette ornée du macaron du Yacht Club de l'Odet."

Fig 6 : une vue du chantier allée de Ker Moor

" Notre séjour à Bénodet était terminé ... Ensuite il y eu la corvée de vivres pour garnir la cambuse du Koala III, puis les adieux à l'école du Letty, au douanier, au garde maritime, à Liliane (en réalité Eliane) au bureau de tabac, à l'hôtel, etc"...

Le 1er juin, 11 heures, coup de canon devant Plymouth. Mais l'absence de vent et le courant font dériver le Koala III qui ne repartira que le lendemain à 10h30.

Une tempête aura finalement raison du bateau et de son skipper (et de la petite chienne Schatz) qui le 26 juin appelle Saint Lys radio. Repérée au nord-est des Açores par un avion américain, Edith sera récupérée sur le Raymond Poincaré de la marine nationale, navire contre lequel le Koala III se disloquera. La navigatrice sera ensuite transbordée sur le Guépratte qui la débarquera à Brest. Faut-il préciser que lors de cette même course, Eric Tabarly sur son trimaran Pen Duick IV avait été contraint à l'abandon suite à une collision avec un cargo et que sur les 35 voiliers présents au départ, seuls 18 sont parvenus à gagner Newport.

Les phrases entre guillemets sont extraites du livre d'Edith Baumman : "Seule 25 jours contre l'Atlantique, paru chez Flammarion en 1969.

Un grand merci à René Francès et Patrick Fornès.